Comment passer de l’insatisfaction à la bienveillance corporelle ?
La honte ou la dépréciation de ce que vous observez dans le miroir ne vous est pas inconnue ? Le regard des autres a une grande influence dans votre façon de vivre ? Avez-vous déjà eu la gorge nouée lorsque vous demandez à la vendeuse du magasin de vêtements ou de soutien-gorge si elle a, oui ou non, votre taille en réserve ?
L’insatisfaction que vous ressentez probablement est le reflet du décalage entre votre corps réel et l’image que vous en avez. En bref, votre corps vous apparait comme très éloigné du corps idéal.
Je discute plus précisément de l’origine de cette souffrance dans mon autre article “Pourquoi sommes-nous d'éternels insatisfaits de notre corps ?”
Dans l’article ici présent, j’ai choisi de vous parler de solutions pour soulager cette souffrance !
la souffrance au travers du prisme des THÉRAPIES COGNITIVES ET COMPORTEMENTALES
La souffrance, au sens psychologique et bouddhiste du terme, trouve son origine dans la croyance que l’on peut supprimer ce qui nous est inconfortable. Être en lutte contre quelque chose a en fait tendance à renforcer l’inconfort lié ! On parle d’évitement expérientiel en TCC et de souffrance dans le bouddhisme. Je détaille ici un peu plus la souffrance au sens bouddhiste du terme.
Quoi qu’il en soit, en associant des éléments de compréhension du bouddhisme et des TCC, on peut déduire qu’il y a trois processus à la clé de la souffrance ressentie :
la présence de pensées croyances et/ou jugements
l’identification/la fusion au contenu de mes pensées, émotions, comportements
l’attachement au contenu des pensées, et aux comportements en lien et la peur de ce qu’on peut devenir si on essaie abandonne ce mode de pensée pour un autre.
Oupsi, je vous parle chinois ? Attendez, je vous explique tout ça en détails et avec des exemples dans les paragraphes suivants.
L’ensemble des pensées automatiques qui planent entre le conscient et l’inconscient
Ces pensées automatiques, chacun d’entre nous (ou presque) est amené à les intérioriser dès le plus jeune âge. Elles sont indépendantes de ce qui se passe dans le moment présent, mais peuvent être éveillées par une émotion.
Les pensées automatiques sont donc en général erronées dans la plupart des contextes, mais elles sont puissantes car anciennes. Les pensées automatiques regroupent les pensées règles, les pensées justifications et les pensées jugements.
Voici quelques exemples de pensées automatiques :
“Il faut être beau pour être aimé”
“je suis moche”
“je suis moche parce que je suis chauve”
“si je pense que je suis moche, tout le monde doit me trouver moche”
“je suis trop moche pour réussir dans la vie”.
“si je ne peux pas faire cela parfaitement, mieux vaut ne rien faire du tout.”
“je n’y arriverai pas parce que je n’ai pas le temps.”
“la vie est dure.”
Comment progresser ?
Prendre conscience de ces schémas en en discutant avec un professionnel ou avec quelqu’un d’entrainé à la relation d’aide thérapeutique, ou en vous aidant d’un petit carnet d’exercices sur l’image du corps. Vous pouvez aussi méditer. Pouvoir détricoter ce qui occupe votre espace intérieur est un élément vraiment important pour comprendre vos enchaînements de pensées (et de comportements).
2. La fusion avec les pensées qui empêche d’avoir du recul sur les croyances et nous prive de notre liberté d’action.
En estimant que ce que dit cette pensée est vrai, je lui donne du pouvoir et je suis encline à agir en réaction avec cette pensée. Voici un exemple d’enchaînement de pensées issues de la fusion avec une pensée jugement :
“Je suis moche” + “les gens minces sont beaux” + “en étant mince je serai belle.eau” + “pour maigrir, il faut se priver.”
“Ces pensées sont vraies !”
“Je suis moche, mais quand j’aurai perdu x kg, je serai belle.eau.”
“Je vais donc me priver.”
Comment progresser ?
Pouvoir extérioriser ces pensées qui occupent votre espace intérieur sur quelque chose ou à quelqu’un d’extérieur à vous est un élément vraiment important. Cela permet de défusionner de vos pensées. Vous pouvez vous aider pour cela d’un thérapeute, d’un maître, d’un cahier d’écriture.
Défusionner, c’est observer que cette pensée n’est pas vous, qu’elle est conditionnée par votre histoire familiale, la société, vos représentations … C’est prendre conscience qu’ici et maintenant, cette pensée ne résume pas votre identité profonde, votre essence.
Peut-être que pour l’instant vous n’avez pas d’autre choix que de faire ce que cette pensée vous dit (comme fuir votre apparence, la cacher, la vérifier ou la réparer). Sachez qu’un jour il pourrait en être autrement.
3. L’ambivalence : la peur du changement qui empêche d’avoir des actions engagées pour aller vers ce qui compte.
“Cette pensée n’est peut-être pas vraie, mais j’ai peur de ce qui pourrait se passer si je ne “marche pas” avec elle.”
Comment progresser ?
On peut surmonter son anxiété en s’exposant graduellement et de façon répétitive à ce qui est redouté. Comme aller à la piscine par exemple, même si vous n’aimez certaines parties de votre corps. Au contraire, obéir à vos peurs et adopter des comportements de fuite maintient (ou amplifie) de toute façon votre insatisfaction corporelle sur le long terme.
Ça peut sembler paradoxal, mais le chemin le plus rapide du changement est d’y aller pas à pas, tout doucement, dans le respect de nos limites. Pourquoi ne pas se poser la question suivante : quelle serait la plus petite chose que je pourrais faire pour aller vers ce qui compte pour moi ici et maintenant ?
Les valeurs, notre boussole du changement
Je me sens perdu.E, je ne sais pas quelle direction je dois prendre …
Et si la première question était, avant même de savoir ce que je voudrais changer : quelle direction ai-je envie de prendre ? Qu’est-ce qui me rend vivant dans la vie ? Cette question est celle de nos valeurs, de ce qui compte pour soi, du changement que l’on voudrait voir dans le monde ! Un petit pas pour l’homme, un grand pas pour l’humanité.
Une valeur que j’affectionne tout particulièrement est “prendre soin de soi”, mais il y en a bien d’autres : la paix, l’humour, les relations proches, la nature, la liberté … Clarifier ce qui compte vraiment pour soi permet d’enraciner ses actions dans un socle solide et durable, de voir au-delà de notre souffrance, dans un paysage plus global.
Et peut-être que dans le cadre de prendre soin de soi, une direction que je souhaiterais prendre serait d’être bienveillant envers mon corps.
Si j’étais la personne que je voudrais vraiment être, Ce serait quoi être bienveillant envers mon corps, ici et maintenant ?
En d’autres termes, la bienveillance envers le corps peut être une clé en matière d’insatisfaction corporelle, pour aller en direction du vivant dans notre vie.
Il ne s’agit pas de supprimer les comportements que l’on peut avoir en lien avec nos insatisfactions mais de choisir instant après instant de s’observer et d’essayer et peut-être maintenir des comportements nourrissants en lien avec nos valeurs. Barbara nous parle très bien de ce choix engagé qu’elle fait moment après moment dans le cadre de sa rémission d’anorexie.
Finalement, nous serons peut-être d’éternels insatisfaits de notre corps, mais l’observation de cette insatisfaction aura changé et prendra une place de plus plus réduite dans notre relation au corps. Comprendre que nous ne sommes pas que cette insatisfaction est source d’un nouveau recul et peut-être même d’une conscience chaleureuse et bienveillante. Cela laisse de la place pour d’autres choses, et permet peut-être d’envisager ce corps comme un allié, un ami.
Nous pouvons choisir, instant après instant, pas après pas, de nous percevoir d’une façon plus globale et plus engagée afin d’être les acteurs principaux du bien-être de notre corps et de notre être.
Dans cette vidéo, on peut voir que nous avons tous des complexes. Et des façons différentes d’y réagir ! L’authenticité de ces messieurs fait plaisir à voir !
Une de mes sources : Petit cahier d’exercices d’acceptation de son corps de Anne Marrez et Maggie Oda aux éditions Jouvence.
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